lundi 19 mars 2012

Mélenchon s’offre la Bastille


Source : Le Parisien.fr

Le candidat du Front de gauche a réuni hier plusieurs dizaines de milliers de personnes sur la célèbre place parisienne. Une démonstration de force à cinq semaines du premier tour.
Un rassemblement en forme de sacre. Hier, Jean-Luc Mélenchon a fêté sa percée dans la campagne présidentielle. Fini le temps où le candidat du Front de gauche stagnait autour de 5% d’intentions de vote dans les sondages. Celui qui vient de franchir la barre des 10% a fait place comble à . Plusieurs dizaines de milliers de personnes (120000 selon les organisateurs) ont participé à cette  pour la VIe République entre la place de la Nation et celle de la Bastille, symbole des soirs de victoire de la gauche. 

A trente-cinq jours du premier tour de l’élection présidentielle, la foule compacte réunie autour du champion du Front de gauche a déjà célébré sa consécration.



Au départ de la 
, conçue comme le point d’orgue de la campagne, l’heure est à la fête. Une nuée de ballons rouges et de pancartes s’agite au-dessus des participants. « Mélenchon, enfant des Lumières, le peuple est avec toi », proclame une grande banderole. En tête de cortège, Marie-George Buffet, ancienne secrétaire nationale du Parti communiste, son successeur, Pierre Laurent, ainsi que les chefs du Parti de gauche attendent leur leader sous des nuages maussades. Vers 14 heures, le ciel s’éclaircit. « Mélenchon arrive, il y a un rayon de soleil », s’enthousiasme un militant.

Derrière un mur de caméras, l’eurodéputé apparaît. Les applaudissements fusent. « Résistance! » s’égosillent ses partisans, brandissant le poing vers le ciel. D’un drôle de geste de la main, semblable à celui des Miss France, Mélenchon, extatique, salue son public. Sous la pression de la foule, le cortège s’élance péniblement. Le cordon de sécurité qui entoure le candidat ouvre la marche. « Place au peuple! crient les militants du service d’ordre. Mettez-vous sur les côtés. » Appareils photo braqués sur Mélenchon, tout le monde s’exécute dans une étonnante haie d’honneur au passage de la procession. « Il est là, il est là », trépigne Bernard, un brin de mimosa à la main. « Je l’ai pas vu », se désole sa compagne avant de suivre la foule vers le lieu emblématique de la Révolution française.

Autour de la Bastille, une foule dense rougeoyante. Drapeaux du Front de gauche, banderoles du Parti communiste, écharpes… tout est rouge. Un fumigène accueille l’arrivée du candidat. Au pied de l’opéra, Mélenchon surplombe le public, sur une estrade. L’ancien socialiste se met à rire. Sa voix, grave, résonne : « Génie de la Bastille qui culmine sur cette place, nous voici de retour! » D’ordinaire très offensif dans ses interventions, le tribun use hier d’un ton plus solennel. Et se garde même d’envoyer des piques à ses adversaires!

Lors de son discours, d’environ vingt-cinq minutes seulement, il se concentre sur le fond, pour appeler à la formation d’une constituante. « Il nous faut, dans cette France défigurée par les inégalités, tourner la page une nouvelle fois de l’Ancien Régime », harangue-t-il, sous les applaudissements, avant d’inviter le public à prendre les places de France pour initier le mouvement « d’insurrection civique », prélude à la « révolution citoyenne » dont il espère voir l’avènement, au soir du premier tour. Les cadres du Front de gauche savourent. « Le centre de gravité de la campagne vient de se déplacer », jubile le communiste Pierre Laurent. Car même si ce n’était pas encore le Grand Soir pour le Front de gauche et son candidat, c’était déjà un grand jour.




Ava Djamshidi

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